Le scandale Daihatsu, une menace pour Toyota

L’intensification de la fabrication en sous-traitance de véhicules Toyota par Daihatsu a probablement pesé lourdement sur les cadres et les employés du constructeur.

Les irrégularités massives détectées chez le constructeur automobile japonais Daihatsu pourraient avoir des conséquences sur Toyota, sa maison mère.

Les révélations sur les falsifications des tests de sécurité et les mesures d’émissions des véhicules du constructeur japonais Daihatsu portent un coup sa maison mère, Toyota.

Le ministère japonais des Transports a ouvert jeudi 21 décembre une enquête. La veille, une commission indépendante avait révélé l’ampleur des pratiques répréhensibles chez Daihatsu. Les conclusions détaillaient 174 irrégularités, dont les plus anciennes datant de 1989, concernant 64 modèles.

Cette commission avait été mise en place en mai pour "clarifier pleinement la nature des irrégularités et identifier leur cause" après des aveux du constructeur, selon lesquels des tests de collision de six de ses modèles avaient été falsifiés.

Suspension de la production

Les découvertes de la commission ont amené le fabricant qui détient 30% du marché des petites voitures de la catégorie "kei", à suspendre la production dans ses usines nippones. Daihatsu a aussi engagé des négociations avec ses 423 fournisseurs pour les dédommager. Il doit trouver une solution pour l’avenir des 30.000 concessions proposant ses voitures, alors que le Nouvel An est traditionnellement une période importante pour les ventes. La crise inquiète par ailleurs le gouvernement pour son impact sur les économies régionales.

La société née en 1907 à Osaka (ouest) est connue pour ses modèles Copen ou Hijet. Elle dispose d’activités en Malaisie et en Indonésie. Elle fait partie du groupe Toyota depuis 1967. Le géant de Nagoya semble ne pas être impliqué directement dans ses malversations, mais les problèmes interrogent sur sa manière de contrôler ses filiales. En 2022, des irrégularités autour du respect des normes d'économie de carburant et d'émissions polluantes ont été révélées chez son constructeur de camions, Hino, et le fabricant de chariots élévateurs, Toyota Industries. En mai dernier, il est apparu que le fournisseur de pièces détachées, Denso, lui avait livré des pompes à carburant défectueuses qui ont fait l'objet de rappels.

Manque de contrôle

En mai, Toyota a pris des mesures pour améliorer la gouvernance des entreprises du groupe, en insistant sur le "genchi genbutsu", un concept cher à l’entreprise, axé sur la présence sur les lieux de production pour réagir vite au moindre problème. "Le genchi genbutsu est le concept le plus important pour nous, mais nous réalisons une fois de plus que nous avons des lacunes dans ce domaine", a admis le vice-président exécutif du constructeur, Hiroki Nakajima, après les révélations sur Daihatsu. "L'absence de genchi genbutsu chez Daihatsu est la cause principale des dysfonctionnements", a confirmé Kanji Nakayama, ancien fonctionnaire du ministère des Transports et membre de la commission. De fait, ont constaté les enquêteurs, les cadres de Daihatsu se rendaient peu dans les usines. Dans le même temps, a reconnu Hiroki Nakajima, l’intensification de la fabrication en sous-traitance de véhicules Toyota par Daihatsu a probablement pesé lourdement sur les cadres et les employés du constructeur.

Outre l’image, le scandale Daihatsu pourrait avoir de sérieuses conséquences sur les finances de Toyota. Les ventes de Daihatsu ont atteint 2.500 milliards de yens (17,5 milliards d’euros) lors de l'exercice clos fin mars. Cela représente 7% du chiffre d'affaires de Toyota, qui a atteint 37.154 milliards de yens (260 milliards d’euros) sur le même exercice. Les pertes liées aux problèmes de Daihatsu n'ont pas encore été évaluées, mais elles s’annoncent suffisamment graves pour porter un coup à Toyota.